
Voici un terme que le français connaît très usuellement. On lui suppose une origine germanique, mais celle-ci n’apparaît pas de manière très claire.
Son sens en gallo s’approche d’avantage de celui qu’il avait en moyen-français, à savoir celui de
terme plutôt que celui de
cible.
Étr a son but,
avair son but, pour une vache, par exemple, c’est
arriver au terme de sa gestation (
la vache ara son but den le mais de mae).
Ol a passae son but quand son
temps de gestation est dépassé, qu’elle est au-delà de l’échéance prévue.
Par extension, c’est
être hors-délai. On dit aussi qu’
ol surbute. De là, l’extension de
surbutae à
périmé,
dépassé, pour un délai d’usage par exemple.
Fixer un terme comme fixer un objectif, c’est
abuter.
Le verbe s’entend donc au sens de
prévoir,
décider,
déterminer pour une date, un rendez-vous, un délai. C’est ainsi qu’autrefois, on
abutaet lez noces.
Aujourd’hui, on peut
abuter des abuteys (
objectifs) plus triviales. Il faut juste que ce soit
abutae de raezon (
fixé dans un délai raisonnable).
En quelque sorte,
abuter, c’est
planifier et
abutey peut rencontrer le sens de
planification. Un
tableau de planification est alors défini par
abutoer et est l’oeuvre d’un
abutouz (
planificateur).
Abuter ne s’applique d’ailleurs pas qu’au temps.
Son sens s’étend à celui de
définir. Dans cette optique, l’
abutaije reprend donc le sens de «
définition,
désignation ».
Une personne plus passéiste
revient sus lez buts de derriere. Le « u » s’étant amui, l’expression est devenue plus opaque en s’entendant «
revenir sus (ou ramener) lez beus de derriere ». Celle-ci équivaut à
ressasser les vieilles histoires,
revenir sur le passé.
On connaît un développement singulier avec le substantif
terbut.
Faere son terbut consiste à
effectuer son travail habituel. Une personne n’étant
pas de terbut est
lente à la besogne. On en déduit que le préfixe
ter-, équivalent au français
entre- sert à octroyer le
sens de tâches multiples dans un cadre ordinaire à ce terme.
Le français donne à l’adjectif
buté le sens d’
achienae,
teytaod.
Le gallo ne renie pas ce sens, mais le dévoie parfois lorsqu’il signifie
découragé (
étr butae come un vieuz chevao). Le français reprend ce sens dans
rebuter. Ce verbe a un sens plus étendu en gallo avec la signification de
repousser,
rejeter,
refuser, d’où
rebut au sens élargi de
refus.
Rabuter équivaut à
ranger, sans doute suite
au sens premier de remettre à son but. Relevant du même étymon, on entend un
embut pour un
vantail sans qu’on puisse préciser le cheminement qui a conduit à ce sens.