
Partant comme
coup du bas-latin
colpus, nous reprenons son développement lorsque son sens de «
séparer par un coup » l’a entraîné dans une sémantique et une dérivation propre. Il a alors supplanté le produit de
secare qui s’est spécialisé au sens de
scier.
D’ailleurs, la diphtongue n’est pas toujours marquée et, sous l’influence du français notamment, on entend souvent
coupe. Dans les lignes qui suivent, on le retrouvera donc indifféremment avec accent marquant la diphtongue (/ɔw/ →
où) ou sans (/u/ →
ou).
Son déverbal,
coupe, peut s’étendre au sens de
tranche, de
couche (
une coupe de de palhe den le palher,
le monde le tiraent a coupes). C’est l’équivalent de la
veine pour les mineurs.
On peut tout
coùper. Le bois, bien sûr, ce qui fait qu’une
coùpe représente une
section, une
coupe de bois dans une forêt. Le fer aussi, qu’on coupe avec un
coùpe-fer (
burin). Le marc de pommes qu’on coupe avec un
coùpe-marc (
un couteau à marc).
Mais autrefois, au retour de foire notamment, on pouvait rencontrer un
coùpe-bourse (qui, vu ainsi, paraît moins dangereux que le coupe-jarret). Il fallait savoir utiliser un
coùpe-jan (
broie pour l’ajonc).
Aujourd’hui, on est plus heureux de trouver un
coùpe-vent (
brise-vent,
abri-vent).
On peut même vous
coùper le qhu (
vous dénigrer ;
par dererre, il va te coùper le qhu properment) ! Et un
cheval hongre devient un
chevao coùpae. C’est vrai qu’on lui a retiré l’essentiel.
À l’été, on
coùpe le graen (
moissonne). Le
moissonneur est un
coùpouz de graen et quand c’est une femme, c’est une
coùperesse ou une
coùpoere.
Avant la moissonneuse, ils coupaient
a pogneys, par le mitan, c’est-à-dire, qu’ils
moissonnaient à hauteur. Ils faisaient une
coùperiy, le plus souvent à la faucille (
prend ta faocilhe e va faere ûne coùperiy). La
couperiy de graen pouvait être une
coùperiy de paomelle, de bllae ou d’aveine (
orge, blé, avoine), mais ça pouvait aussi être une
coùperiy de lande en hiver.
Quel bonheur quand arrive le moment de la
parcoùpe (c’est-à-dire, de l’
achèvement de la moisson) car ils pourront fêter
la dicolalhe, mais nous entrons dans un autre domaine lexical.
Avant cela, ils ont connu les
coupaijes (
fourrage coupé en vert pour la nourriture des bêtes), ce qui pouvait aussi, plus rarement, s’appliquer pour une céréale en herbe ou pour le foin.
De par son caractère courant, le fait de couper devient parfois péjoratif. On dit d’un
outil qui tranche mal q’il coùpe come lez jenuelhs d’ûne none.
D’ailleurs, ça
coùpace quand ça
coupe mal.
Coùpalher, c’est
couper sommairement (
je m’en vaz l’édraoler un petit, coùpalher par dessus).
Mais c’était surtout l’activité des pâtres qui, par désoeuvrement et amusement, s’amusaient à
coùpelocher,
coùpelicher,
coùpocher en gardant les vaches et
taillaient divers objets en branches de châtaigniers ou de coudriers le plus souvent. Et l’objet ainsi taillé était l’oeuvre d’un
coùpelochouz.
Dans la dérivation,
coùpouz est fréquent et cette activité générique s’applique à divers domaines (
coùpouz de pailh,
coiffeur ;
coùpouz de bûghins, «
coupeur de vers »
paysan, par péjoration).
Autres dérivés :
coùpeùre (
coupure),
coùpant (
coupant, mais aussi en tant que substantif,
le tranchant).
Par contre,
découper se traduit plutôt par
coùper a morciaos,
coùper a bouts.
En Brière, le
coùpis est l’
excavation laissée après extraction de la motte de tourbe.
La
coupèche est cette marque révélant la séparation entre deux pains qui se sont touchés. La
coupey représente la lisière d’un bois, d’une forêt, là où celle-ci est interrompue. Le
coupèo, quant à lui, désigne l’angle extérieur d’une crêpe repliée lorsqu’on la mange (
falaet pas manjer la galette par la pointe, maez par le coupèo).
Quelques sens particuliers peuvent apparaître pour
recoùper comme celui de
reprendre (
lez ceusses qi veulent, il peuvent recoùper).
Enfin, les
recoupes décrivent le
petit son de blé, cette farine médiocre qui servait d’alimentation au bétail, mais qui pouvait être utilisée pour éviter que le pain ne colle (
lez recoupes, on farinaet le paen aveq, ça colaet meins ez draps a paen).