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Académie du Gallo


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Les Dossiers linguistiques de l'Académie du Gallo

La Pepineray : "Derompr"


DEROMPR


Rote a pour origine le latin rupta "; ?> voir cette fiche). Mais cet étymon offre un développement plus direct avec rompr.
    Le verbe est connu et, bien qu’attesté, n’est pas d’un usage fréquent. Cependant, il s’emploie parfois de manière originale. Ainsi, on rompaet la ruey quand on commençait à battre l’airée.
    De là, on reprend le verbe comme substantif : la rompr, c’ét le comencement. En fait, il faut comprendre le terme au sens de rupture en ce sens où il y a rupture par rapport à la situation antérieure.

Ce verbe, de par le caractère radical que son sens implique est souvent précédé du préfixe augmentatif de-, soit derompr.

Sous cet aspect, son usage est plus fréquent. On peut derompr un petit mur, et donc, le démolir. Mais c’est davantage dans le cadre d’une carcasse de viande qu’il faut détailler, découper, dépecer que le verbe est entendu. Ainsi, le boucher de campagne derompaet autrefois le cochon dans les fermes.
    Derompr (ou deromper lorsqu’il prend l’aspect du 1° groupe) ayant le sens figuré d’interrompre, faire cesser, on retiendra aussi l’expression san deromper qui signifie sans discontinuer, sans interruption.

De même que rompr plus haut, ce verbe est repris substantivement. Puisqu’on parlait du cochon, on sait que la derompr représente sa découpe, son dépeçage. Par synecdoque, c’est aussi la carcasse de viande à laquelle cette action va s’appliquer.

On connaît également corompr. Mais ce verbe n’offre pas forcément l’aspect négatif que lui confère le français. On coromp l’iao en y ajoutant du vin. On coromp le vin en y ajoutant de l’eau.
    Le verbe a en fait le sens de « changer la nature de », ce qui paradoxalement, peut parfois aller vers une bonification.

Dans un contexte plus moderne, on a repris la derompr-de-cllasse pour évoquer la récréation (il y a rupture des cours d’apprentissage).

Deux dérivés sont attestés. L’un, plus ancien, rompeis, s’attache à une terre nouvellement défrichée (on rompt en effet l’état de friche).
    L’autre, plus moderne, rompeùre, traduit la rupture. Mais, c’est plus dans le sens concret de ce qui est rompu. Ce peut être, par exemple, une brèche pratiquée dans une digue sous la poussée des eaux.

Ce thème de « rompr » sert aussi à établir des expressions.

Les enfants peuvent jouer a chevao-rompu, c’est-à-dire, à saute-mouton. Le verbe se retrouve de manière plus dissimulée quand on évoque un arbre fruitier chargé a boêz-romp. Il faut comprendre à bois rompre, tout simplement parce que les branches sont excessivement chargées de fruits.
    De même d’une action qui se déroule a romp-saot. Au départ, l’expression s’appliquait à un attelage qui cavalait a romp-saot. Aujourd’hui, on dirait à tombeau ouvert et donc, il faut comprendre à toute vitesse, en trombe. Puis le sens s’est même étendu à violemment, fougueusement, à toute force, avec intensité comme dans cotir a romp-saot. Cette extension montre que l’expression n’est plus comprise dans son sens originel qui est celui de « à se rompre les os », le « o » final portant l’accent s’étant finalement diphtongué en [aw].