ACADEMIY DU GALO

Académie du Gallo


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Les Dossiers linguistiques de l'Académie du Gallo

La Pepineray : "Qheisse"


QHEISSE


Ce mot est issu d’un développement du latin coxa qui désignait la hanche.

Phonétiquement, il a suivi le même chemin que ces « o » qui ont abouti au français « ui » (nuit, , cuire,…) et au gallo « ei » (neit, qheire,…). Ici cependant, les « ss » entraînent un allongement de la voyelle, d’où sa prononciation [tʃes].

À partir de ce sens bien attesté, on retrouve l’expression étr en qheisse, c’est-à-dire, être en short, les cuisses à l’air. De plus, la représentation allégorique de qheisse s’applique au lobe à l’intérieur de la noix.

Le français ne s’est pas véritablement ramifié à partir de cette racine. Comme on va le voir, le gallo s’est montré plus productif.

Les couturières connaissent la qheissiere (jambe de pantalon) ou le qheisson (même sens).

Quittons cet aspect technique et remarquons qu’une personne qheissue est replète, plantureuse, dodue (étymologiquement, forte en cuisse). Ce qui nous conduit à qheisser qui signifie, soit mordre à belles dents, soit manger de la viande et faire bonne chère, la cuisse est en effet un morceau charnu.

Ce sont plus les privatifs qui se sont imposés.

Si déqheisser (déchirer, mettre en pièces) est moins attesté, il n’en est pas de même de éqheisser (déchirer ; littéralement, arracher la cuisse), universellement connu en Haute-Bretagne.

Le sens va alors s’élargir à abîmer (tez vaches ont tout éqheissae ma piece) ou au figuré, à celui de calomnier, diffâmer (j’om pas éqheissae trop sus le monde). Un éqheisse-tout est un brise-fer, un brise-tout.

S’est également imposée l’expression « éqheisser la gernoulhe » pour désigner le tire à la corde.

C’est donc en toute logique qu’apparaissent des dérivés comme éqheissement ou éqheisseriy (déchirement) ainsi que éqheissey ou éqheisseùre (déchirure).On peut aussi entendre éqheisseter, pour un pommier trop chargé, par exemple (le pomier, il taet tellement charjae q’il a tout éqheissetae).

En parallèle, depuis ce latin coxa, une dérivation directe est apparue en gallo, s’attachant à son sens primitif de hanche.

Se coqher, c’est effectivement se démettre de la hanche. Il en résulte qu’on est écoqhae (déhanché). Être coqhae, c’est finalement être atteint de coxalgie (cette affection frappe couramment la population bretonne).